• Dites à la Vermine...

    UNE CHAROGNE...

     

    Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,

     

    Ce beau matin d'été si doux:

     

    Au détour d'un sentier une charogne infâme

     

    Sur un lit semé de cailloux,

     

     

     

    Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,

     

    Brûlante et suant les poisons,

     

    Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique

     

    Son ventre plein d'exhalaisons.

     

     

     

    Le soleil rayonnait sur cette pourriture,

     

    Comme afin de la cuire à point,

     

    Et de rendre au centuple à la grande Nature

     

    Tout ce qu'ensemble elle avait joint;

     

     

     

    Et le ciel regardait la carcasse superbre

     

    Comme une fleur s'épanouir.

     

    La puanteur était si forte, que sur l'herbe

     

    Vous crûtes vous évanouir.

     

     

     

    Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,

     

    D'où sortaient de noirs bataillons

     

    De larves, qui coulaient comme un épais liquide

     

    Le long de ces vivants haillons.

     

     

     

    Tout cela descendait, montait comme une vague,

     

    Ou s'élençait en pétillant;

     

    On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,

     

    Vivait en se multipliant.

     

     

     

    Et ce monde rendait une étrange musique,

     

    Comme l'eau courante et le vent,

     

    Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique

     

    Agite et tourne dans son van.

     

     

     

    Les formes s'éffaçaient et n'étaient plus qu'un rêve

     

    Une ébauche lente à venir,

     

    Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève

     

    Seulement par le souvenir.

     

     

     

    Derrière les rochers une chienne inquiète

     

    Nous regardait d'un oeil fâché,

     

    Epiant le moment de reprendre au squelette

     

    Le morceau qu'elle avait lâché.

     

     

     

    Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,

     

    A cette horrible infection,

     

    Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,

     


    Vous, mon ange et ma passion !


     


     

    Oui ! telle vous serez, ô la reine des grâces,

     

    Après les derniers sacrements,

     

    Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grâces,

     


    Moisir parmi les ossements.


     


     

    Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine

     

    Qui vous mangera de baisers,

     

    Que j'ai gardé la forme et l'essence divine

     

    De mes amours décomposés !

     


     


     

    C. Baudelaire*

     


     


      


     


     


  • Commentaires

    1
    max
    Mardi 6 Juin 2006 à 18:23
    ****
    c'est vraiment beau je savais pas que Baudelaire écrivait des trucs aussi sympas...
    2
    Dimanche 18 Juin 2006 à 00:02
    Interressant...
    Humm texte à la fois répugnant, drôle, triste, chouette et amusant... J'aime bien ton joli blog... J'y reviendrai... Viens me voir toi aussi... - Bizou -
    3
    popo la biquette
    Jeudi 22 Juin 2006 à 11:34
    c encor popo
    j adore ce poeme!!!!!! lol tro dégueu pour un poeme d amour!moi j aimeré pas quon me le dise!!petite remarque c tout a fé le genre de monsieur laly de nou fair étudier des texte aussi sadique!!!!!vive baudelaire!!
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    4
    sasa le singe
    Jeudi 22 Juin 2006 à 11:39
    re
    quel bone idé monsieur a u de nou aprendre ce poeme sa la bocou amusé on le pensé pa com sa!!il nou a montré beaudelaire dan tte sa splendeur du génie pur dan un genre complétem décalé mé sinon il é vrémen bo
    5
    anthony
    Jeudi 22 Juin 2006 à 11:54
    exelent!!!
    perso j'ador ce poème! il est tout simplenment énorme...chapeau bas a Baudelaire...monsieur que dis-je Sir Beaudelaire§ LOL mes salutaionS à votre prof mister Laly... ton ange qui t'aime tendrement...
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